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JACQUES COUTURE, OUVRIER DE LA PAIX 

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En 1989, j’eus le bonheur de rencontrer le Jésuite Jacques Couture, à Madagascar, à Antananarive, alors qu'il vivait et était engagé depuis quelques années dans un quartier où la misère était constamment présente devant ses yeux. Misère que j’ai pu constater et qui m’a mis en question comme nulle part ailleurs en Afrique. 

 

Jacques fut un témoin véritable, qui vécut selon les principes de la justice sociale. 

De 1976 à 1980, il fut à la fois député et ministre du PQ. Il laissera sa marque comme Ministre de l’Immigration  en facilitant l’installation au Québec des «â€¯boat people », forcés de quitter le Vietnam et le Cambodge pour échapper à la persécution.  

 

En 1982, il arrive dans la capitale 

Malgache comme missionnaire jusqu’en  1995. 

  

Inspirée d'une méditation, plusieurs fois reprises au cours de sa vie, cette prière de Jacques Couture emprunte le regard de Jésus. Ce regard de compassion que Jésus pose sur les foules au chapitre 25 de l'évangile selon saint Matthieu. Jésus nous invite à voir avec lui toutes les formes de pauvreté et de souffrance vécues par les personnes que nous côtoyons et auxquelles lui-même s'identifie. Il a composé cette prière à Madagascar, en 1986.  

  

¨Le Dieu que je sais 

 se tient à l'ombre de chez moi. 

 Il mendie chaque jour un peu de riz 

 et, davantage, un regard d'amour, un visage d'accueil. 

  

Le Dieu que je connais est né sur la paille, 

 est mort sur le bois. 

 Et depuis un certain matin de Pâques, 

 il erre ici et là de par le monde, 

 se mêle à la foule des anonymes, 

 des pas-importants, des indésirables. 

 Je le vois partout se profiler dans les rues de mon quartier. 

 Il fait tout pour s'effacer, se laisse à peine apercevoir 

 et neuf fois sur dix on ne le reconnaît pas... 

  

Le Dieu que je connais est impuissant, silencieux 

 et terriblement gênant. 

 Il m'empêche de dormir tranquille. 

 Il hante mes nuits paisibles. 

 Il dit qu'il a faim, qu'il a soif, qu'il est nu, 

 qu'il est étranger, qu'il est prisonnier. 

  

Il crie sur le bord de la route. 

 Il gémit abandonné, rejeté. 

 Il étale sans pudeur ses os décharnés, son corps meurtri. 

 J'ai cru entendre sa voix l'autre jour : 

  

"Je suis toujours là, je ne vous ai pas quittés. 

Ah, ne me laissez pas mourir de faim, 

Ne me laissez pas encore une nuit sans toit, sans chaleur. 

Ne me laissez pas dans cette oppression 

subir l'injustice, recevoir des coups, être torturé. 

  

J'ai besoin de vous 

aujourd'hui, ce soir même! 

Je frappe à la porte et on ne me répond pas. 

Il fait froid, je suis seul, personne pour m'aider 

à me relever, à panser mes plaies... " 

  

Le Dieu que je connais s'appelle Jésus Christ. 

 Il se tient à l'ombre de chez moi.¨ 

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Yves Morneau  Professionnel de la paix CPSC 

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